Bonjour les nouveaux audacieux et audacieuses, bienvenue sur la chaîne Ceinture Blanche. Imaginez un peu, vous pratiquez une discipline depuis plus de deux ans et là, le champion du monde de krav maga poids lourds, vous accorde une interview !
Oui vous avez bien lu, le champion du monde de krav maga !!!
Je suis vraiment ravi de l’accueillir sur notre chaine 😀
J’entends déjà les « haters » se demander pourquoi il existe un championnat du monde de krav maga, puisque c’est de la self défense. Brève analyse, je pense que pour améliorer son krav maga, il faut le mettre en œuvre et voir ce qui marche et ce qui ne marche pas.
Alors les points qu’on va aborder :
Le fait qu’il soit devenu champion du monde à 44 ans, oui un jeune homme de 44 ans, comme quoi on peut rester jeune encore bien longtemps…
Ensuite nous aurons la nouvelle formule du championnat du monde de krav maga. Décortiqué par ses soins, on vous expliquera comment ça se passe. Parce que vous aussi vous pouvez devenir un futur « champion du monde ».
Et enfin nous aurons des conseils qualitatif pour améliorer notre krav maga.
Oui rien que ça !!!
C’est un contenu extrêmement riche d’enseignement que je vais vous présenter en trois épisodes.
Alors sans plus attendre, c’est parti pour le premier…
Daryus : bonjour Pierre
Pierre : bonjour Daryus
Daryus : Je suis très heureux que tu viennes sur ma chaîne, parce que, ils ne le savent peut-être pas tout de suite, mais tu es champion du monde de krav maga.
C’est ce qui m’a vraiment interpellé. J’ai vu sur Google que tu n’étais pas mis en avant et je me suis dit que j’allais le faire sur la chaîne ceinture Blanche krav maga.
Je parle beaucoup, alors tu n’hésites pas, on me l’a souvent reproché pendant les interviews. Là je vais te laisser la parole.
Alors la première question : qu’est que le krav maga ?
Parce que je sais qu’il y a certaines personnes qui ne savent pas encore trop ce que c’est. Je te laisse présenter le krav maga et je les renverrais vers un lien. S’ils veulent plus d’informations. Et question par question, tranquillement on va dérouler l’interview.
Pierre : oui bien sur, le krav maga c’est d’origine israélienne, développé par Imi Lichtenfeld, c’est pas facile à prononcer. La définition de « kravmaga » c’est combats rapprochés en hébreu.
L’objectif, c’est de faire face à toutes sortes d’agressions, en toute circonstance. Dans un premier temps développé pour des militaires, cela explique pourquoi il y a un équipement militaire dans le krav maga. Et pourquoi il y a des défenses sur armes, notamment des armes de guerre.
Ensuite le krav maga s’est développé en Europe et dans la fédération à quel j’appartiens. Celle où il y a eu le championnat du monde, c’est la Fédération Française de Karaté et Disciplines Associées (Arts Martiaux Vietnamiens, Krav Maga, Yoseikan Budo, F. Contact, Wushu, AMSEA).
Ils ont retiré tout ce qui était armes de guerre, alors moi je pratique avec des armes comme le couteau et le bâton. Et je ne m’interdis pas dans la pratique de rajouter d’autres armes.
Comme par exemple, le « tonfa » utilisé à l’armée. Puisque bien sûr, le travail d’entrainement consiste à te servir de ton environnement pour te défendre. On pourrait dire dans l’absurde, que tu pourrais t’entraîner avec une chaise.
Tout cela a éveillé ma pratique. Justement le fait de m’entraîner avec des armes. Ce qui ne se fait pas habituellement en kravmaga, c’est-à-dire qu’on apprend à se défendre face à un couteau par exemple.
Mais je me suis plutôt entraîné à manier le couteau, tu vois l’approche est différente. Voilà l’évolution du krav maga.
Donc avant même de commencer, on peut dire que le krav maga est une discipline assez nouvelle. Elle a une centaine d’années. C’est une discipline qui a beaucoup de bifurcation différentes, avec chacun sa chapelle. Voilà pour la définition du krav maga.
👉 Pour aller plus loin vous avez un article sur le krav maga et ses bénéfices :
Daryus: Maintenant on aimerait savoir qui tu es ?
Si tu peux nous décrire ton parcours. Je sais que tu as une grande pratique professionnelle de combat. Je trouve ça quand même impressionnant, 20 ans de pratique !!!
Je te laisse te présenter pour nos auditeurs et spectateurs et nos lecteurs :
Pierre : je m’appelle Pierre Térouanne au moment où on fait la vidéo, j’ai 44 ans, c’est jeune, même pas la moitié de notre vie.😊
J’ai donc commencé les arts martiaux à l’âge de 8 ans, c’est ma mère qui m’a inscrit au judo pour que j’apprenne à me défendre.
Pour que je sois moins timide, puisque j’étais plutôt un enfant réservé. Je dirais que la pratique du judo, du jour au lendemain a eu un effet extrêmement incroyable sur mon comportement.
Je n’étais plus timide, je me défendais. Ça a vraiment eu un impact sur moi et j’ai tout de suite accroché aux valeurs morales des arts martiaux. Nous allons en parler lors de l’interview. Mais j’ai découvert le code bushido, dont les valeurs du guerrier martial qui ne s’apprennent pas dans les livres mais plutôt de façon intuitive à force de pratiquer.
Comme par exemple :
Le respect, tôt ou tard dans un dojo, on rencontre quelqu’un de plus fort que soi et ça nous enseigne l’humilité. Ça ne s’apprend pas sur une feuille de cours, ça s’apprend de façon intuitive, comme le courage.
Donc le judo, j’ai l’ai pratiqué pendant quatre à cinq ans, en passant les ceintures classiques et puis surtout en faisant beaucoup de compétition. Déjà à l’époque, mais sans me poser la question, pourquoi je faisais de la compétition ?
C’est un circuit qui était comme ça, on était des gamins. J’ai stoppé le judo un peu avant 14 ans. Puisque j’avais une croissance un peu rapide au niveau des genoux et j’avais les tendons qui s’enflammait. Malheureusement, je ne pouvais plus faire de sport.
Et puis en même temps, je ressentais le besoin de me dépenser différemment. Tout en gardant les valeurs morales que j’avais apprises au judo.
Daryus : j’ai fait aussi du judo, j’ai aussi commencé comme ça. Mais je trouve qu’il manquait de contact. Mais il y avait effectivement des grandes valeurs.
Pour la petite histoire mon instructeur me faisait chuter et ça me faisait vraiment mal… Comme j’étais le plus grand en taille, il me prenait tout le temps pour les démonstrations.
Quand il me faisait chuter, il y avait 3 passages. Le ralenti, la deuxième vitesse et le final qui me détruisait le dos. Donc à chaque fois de la douleur … J’étais jeune (12 ans) j’avais du mal à gérer ça.
J’avais aussi besoin de ce contact, de percutions. Et donc je me suis orientée comme toi vers la boxe.
Pierre : je me souviens, à 14 ans, il avait la rediffusion à la télé des films de Bruce Lee, c’était énorme. Aujourd’hui ça n’impressionne plus personne mais à l’époque c’était vraiment inspirant. Et au delà de l’artiste martial, j’étais impressionné par sa personnalité, ce qu’il avait fait de sa vie…
Je me suis dirigé sur du pieds-poings, donc le plus simple à l’époque, c’était le karaté et le plus grand des hasards fait qu’aujourd’hui que je travaille dans ce club d’arts martiaux, le Samouraï 2000 Le Mans.
Mais ce n’était pas l’idée première, en fait, quand j’ai poussé la porte à quatorze ans du club pour m’inscrire, je trouvais ça extraordinaire. Je me disais que j’aimerais travailler dans quelque chose comme ça plus tard.
Mais je n’osais pas le matérialiser. Forcément à l’école, à l’époque on me disait : monsieur « Térouanne », c’est pas avec le karaté que vous allez gagner votre vie. C’est très rigolo pour moi, c’est une revanche sur la vie.
Donc je commence le karaté 14 ans, avec à l’esprit des choses à me prouver. Donc tout de suite, je veux faire de la compétition. C’était un mode de compétition, un peu plus dur que ce qui se fait aujourd’hui. Les protections étaient plus fines. L’appréciation du contrôle plus large. C’était très complet et plutôt bien fait…
J’ai pratiqué ça pendant une bonne dizaine d’années les compétitions de karaté.
Comme je l’expliquais de 19 à 21 ans, j’étais de la génération où on faisait encore le service militaire. Oui, par rapport à mon niveau sportif, je me suis retrouvé dans le service des sports de la marine nationale.
Je faisais du sport toute la journée, j’encadrais des sections, on pratiquait la course à pied et des pompes et abdos en permanence. Pour certains c’était l’enfer, mais « moi » je m’éclatais. J’ai signé pour faire un an de plus.
Daryus : tu as fait un VSL (volontaire service long)
Pierre : oui exactement
Je me suis bien éclaté j’ai remporté pas mal de titres militaires en même temps.
Daryus : c’était Joinville à l’époque
Pierre : c’est ça
J’aurais dû aller sur le bataillon de Joinville, mais la saison où je devais y aller, ils ont plus ou moins arrêtés la section karaté. Et le hasard il a été bénéfique. Je me suis retrouvé à Querqueville. C’est là où il pleut tout le temps.
C’était une super expérience, donc à la sortie de deux ans d’armée, j’ai commencé à travailler dans la sécurité, dans différents domaines de la sécurité. J’ai travaillé sur des films, sur des concerts, des manifestations sportives, et puis assez rapidement, je suis rentré dans une grande surface, sur le Mans, dans un Auchan.
Donc j’ai travaillé une bonne dizaine d’années dans l’Auchan du Mans. En tant qu’agent de sécurité au départ et puis vers la fin, comme responsable, parce que j’ai passé ce qui s’appelle le SSIAP 2 (Service de Sécurité Incendie et d’Assistance à Personnes)
J’ai toujours voulu savoir ce que je valais, si je devais me défendre en situation réelle. Et donc, je voulais savoir ce que le karaté pouvait m’apporter. Le fait de travailler dans la sécurité, ce n’est pas quelque chose d’anodin. Je ne l’ai pas fait pour me battre attention !
Je l’ai fait pour me retrouver dans des situations conflictuelles, et voir comment j’allais réagir. Le fantasme est une chose et la situation réelle en est une autre. Donc forcément, dans ce genre de boulot, tu te retrouves tôt ou tard confrontés à des situations particulières.
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Je me suis interrogé sur l’efficacité de ma pratique martiale. Un moment donné, j’ai voulu aller plus loin, peut-être pour me rassurer. Parce qu’en karaté, malgré tout, même si des fois, il y avait des coups qui sont portés, la plupart du temps, les coups étaient contrôlés.
Donc je voulais savoir si mon corps pouvait encaisser des frappes. Et moi à quel point, je pouvais être efficace.
Par la suite, j’ai déviée sur la boxe américaine, mes premiers combats, c’était des combats en semi-contact. C’était le même règlement que le karaté, sauf que je n’avais pas besoin de me contrôler, le KO était autorisé à l’époque.
Et puis j’ai dévié très vite finalement sur le full contact. Dès que j’ai commencé, le full contact, j’ai compris que j’allais avoir un problème avec ma garde. Quasiment simultanément, je me suis mis à pratiquer la boxe anglaise.
Daryus : parce qu’en karaté vous avez une garde basse.
Pierre : il y a une garde qui est ouverte. Et puis, il y a un principe, chercher à bloquer l’attaque, comme on le fait en krav maga d’ailleurs. Ça permet de contrer son adversaire.
Mais sur un ring, il y a un enchaînement de coups qui est tellement puissant et rapide que si tu bloques un coup, tu ne pourras pas bloquer les coups suivants.
Donc tu es obligé de t’adapter au règlement sportif. Ça ne veut pas dire que le blocage karaté n’est pas bon, ça dépend de la circonstance.
Daryus: Je n’avais pas doute là-dessus pour ma part, dans karaté, c’est un coup je tue et dans le boxe c’est plus accès sur l’usure. C’est pour ça, qu’on ne peut pas comparer les deux. Enfin, c’est ça mon sens.
Pierre : ton analyse est sympa, très proche de l’esprit du karaté. Donc j’ai boxé dans ces deux disciplines simultanément. Finalement, j’ai fait plus de combats de boxe anglaise que de full contact. Parce qu’il faut le dire, à l’époque le full contact n’était pas très bien structuré et pas forcément très bien organisé.
Les combats de boxe était beaucoup plus sérieux en termes d’organisation. J’ai fait 11 combats en full contact et 17 combats en boxe anglaise. En kick boxing tu as la particularité de passer des grades, comme dans les arts martiaux. Puisque c’est un mélange à l’origine de karaté, de taekwondo et de boxe.
Je passais à l’époque dans cette fédération la ceinture noire premier degré, j’étais ceinture noire de full contact et j’étais déjà ceinture noire 1ère dan de karaté.
J’ai boxé en anglaise, donc je suis rentré dans le circuit classique où l’on fait des régimes pour les combats dans la catégorie inférieure. À l’époque je faisais 84 kg, j’étais en plus de 81 kg en full contact. En boxe anglaise suis descendu pour boxer en moins de 75 kg.
Mon meilleur résultat en full contact, c’est que j’ai remporté la coupe de France en moins de 75 kg. J’ai fait deux fois quart de finaliste aux championnats de France. Puis, j’ai fait des galas qui sont bien passés en anglaise.
J’ai remporté le critérium. C’est pour ceux qui ont moins de cinq combats. La petite explication, les cinq premiers combats, tu es forcément avec des adversaires qui ont moins de cinq combats aussi en boxe anglaise.
Daryus : d’accord, pour que ça soit équitable.
Pierre : Ensuite mon meilleur classement, ça a été finaliste régional. Je me suis bien éclaté dans cette discipline, je me suis bien fait plaisir.
Je ne fais pas vraiment de distinction entre le krav maga et les arts martiaux, les sports de combat et la self défense. Pour ma part, ça dépend de l’état d’esprit dans lesquelles tu pratiques ces disciplines.
Et je dis ça, parce que j’ai vu beaucoup plus de guerriers martiales dans l’esprit en boxe, que j’aurais pu en voir en karaté. Ce que je veux dire par là, en karaté, il y a beaucoup de gens qui vont pratiquer uniquement la technique, des katas et qui se disent martiales. Mais ils ne se mettent jamais en danger.
Daryus: effectivement, il n’y a pas ce rebond de coups, en fait ils ne savent pas comment ils vont réagir quand ils vont être percutés par un coup. Alors qu’en boxe c’est un avantage, que ce soit la boxe thaï, ou toutes les autres boxes. Dès que tu reçois un coup, immédiatement, tu dois repartir au combat.
👉 L’une des boxes les plus efficaces pour apprendre à se défendre :
Pierre : et si tu veux parler de courage, le meilleur exemple de courage que tu peux avoir, c’est dans le vestiaire, tu vas faire quinze fois « pipi » avant qu’on t’appelle. On croise souvent les yeux des combattants qui vont être dans le même coin que toi.
Tu regardes un combattant qui part, comme à l’abattoir. Parce qu’il sait qu’il va rencontrer un adversaire qui est beaucoup plus fort que lui. En plus, il se peut qu’il a déjà rencontré auparavant, il a déjà été mis ko par cet adversaire. Mais il l’affronte malgré tout !!!
Parce qu’il a accepté le combat. Tu le vois revenir le visage en sang mais avec dans les yeux, un grand sentiment de victoire. Il a peut-être perdu mais il a affronté ses peurs il a tenu bon, il est allé de l’avant.
Ça c’est du courage, C’est de l’esprit martial et là tu marques des points, tu deviens quelqu’un de meilleur. Ça pour moi, ce sont des exemples de combativité et de et de courage. Mon parcours c’est inspiré de toutes ses expériences.
J’ai arrêté de boxer à 28 ans sur un combat de boxe anglaise qui c’est terminé sur un match nul. La boxe ne me proposait pas d’opportunités plus importantes. Et puis j’avais une autre passion que je pratiquais mais que je mettais un peu de côté.
C’était la musculation, j’avais vraiment envie de plus m’éclater. J’avais mon quota de régimes à répétition. J’avais envie de grossir.
J’ai arrêté de m’entraîner en club en emménageant mon garage avec un sac de frappe. Je m’entraînais à la maison sans style particulier où je mélangeais la boxe, kick le karaté, en musculation. Je m’entrainais dans une salle de remise en forme ou je m’entraînais à soulever des charges.
J’avais entre 28 et 30 ans à ce moment-là, l’envie de me battre c’était estompé. Arrive les 32, 33 ans et un jour ma mère me dit : écoute, « je déménage » …
Il y a toutes tes coupes et tes médailles à la maison, vient les chercher. Sinon je les balance !!!
Je dis ok, je viens les chercher je mets tout ça dans un coffre. Ça ne me fait rien de particulier.
Je les ramène chez moi et puis en pleine nuit je me réveille.
J’ai le cœur qui bat la chamade et là je sais ce qui se passe dans mon esprit.
En fait j’ai retouché un rêve qui s’était endormi.
Le lendemain, je m’inscrits dans mon club d’arts martiaux !
Et à 10 heures du matin, je suis en train de défoncer un sac. En fait, ça a réveillé l’instinct du guerrier. Je n’ai pas réussi à endormir la « bête ». À ce moment-là se pose le problème suivant, c’est presque la crise de la quarantaine !
Tu as entre 34 et 35 ans, j’ai évolué dans un boulot qui ne fait plus rêver, c’était la sécurité, soit je continue à faire la même chose mais je connais ce boulot. En même temps, je bossais parallèlement en discothèque.
J’alternais la grande surface la semaine et puis le week-end, je bossais en discothèque, histoire d’arrondir les fins de mois. Mais j’en avais marre des soirées alcoolisées. J’avais envie de vivre mon rêve d’adolescent de 14 ans et de travailler dans le sport.
Je décide de passer un BPJEPS (Brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire) avec spécialisée AGFF, Activités Gymniques de la Forme et de la Force. Au début je voulais bosser uniquement dans une salle de musculation, faire des programmes.
Quand je vais me renseigner pour la formation, on me dit, « c’est quand même bien, tu sais de rajouter une corde à son arc ». Tu peux aussi devenir prof de fitness. Parce que tu vas trouver plus de boulot au début et puis, après tu pourras te spécialiser.
Alors j’avais trouvé vraiment que c’était un très bon conseil. Et surtout ça m’a permis de m’ouvrir à quelque chose où je m’étais complètement fermée. Le fitness n’était pas du tout ce qui m’intéressait.
Et ils ne se sont pas trompés, c’est en fait dès que j’ai fini ma formation, la première chose qu’on m’a proposé, c est de faire du step, des exercices comme ça !
Je me suis dit, purée !!! Mais c’est comme ça que j’ai gagné mes premières heures.
J’ai bossé comme ça pendant 3 à 4 ans, en donnant des cours de step dans des gymnases, des cours de renforcement musculaires avec des élastiques.
Ensuite le hasard à nouveau fait que je rencontre mon patron actuel, mon entraîneur de karaté de l’époque de mes 14 ans au du samouraï 2000
Il me dit, on déménage notre structure, la nouvelle structure qui est financé par la ville du Mans. On va avoir 1800 m² dédié aux arts martiaux et aux sports de combat. Et j’aimerais un entraineur comme toi dans mon équipe. Ça tombe bien ça m’intéresse et donc à 38 ans j’ai commencé à travailler sur le Samouraï 2000 Le Mans.
J’ai commencé à enseigner les arts martiaux, les sports de combat et plus du coaching qui sont aujourd’hui mes principales sources de revenus.
Daryus : ok c’est sympa, je coache aussi, tu permets aux gens vraiment de se transcender quand ils ont des petites baisses de moral. Tu injectes du « moralex », et puis ça repart. Vraiment, je m’éclate aussi dans ce secteur, je trouve ça coule…
Pierre : pour répondre à ta question quand est-ce que j’ai commencé le krav maga ?
Il y a deux, voire trois façons de voir les choses. D’abord par rapport à ma philosophie, je dirais que je fais du krav maga depuis que j’ai commencé le judo. Parce que le krav maga n’est pas une discipline en tant que telle.
Ce sont plutôt des concepts que l’on met en place. Il faut se poser la question : qu’est-ce que je fais avec ce que je pratique, si je me fais agresser dans la rue.
On va prendre l’exemple de la capoeira. Le pratiquant doit se poser la question : comment je réagis dans une discothèque, si ça se passe mal. Ou si je me fais interpeller au guichet automatique en retirant de l’argent.
Daryus : oui, aussi comment je réagis contre plusieurs agresseurs ?
Pierre : tout à fait , comment je fais si je suis habillé de telle façon ?
Pour moi, c’est plus ta façon de pensée quand tu vas te faire agresser qui importe, et surtout, de quelle façon tu vas réagir avec ce que tu pratiques.
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Ma définition du krav maga est plus large dans la réponse aux agressions. On peut mettre de côté le : « tu dois faire ça, plutôt que ça » .
C’est plutôt à toi de réagir de façon instinctive par rapport à ce que tu pratiques.
Donc il va y avoir tout ce cheminement finalement de ma vie sportive et de ma vie professionnelle qui fusionne vers le krav maga.
Ensuite la première fois que j’ai entendu parler du krav maga, c’est quand je travaillais justement à la sécurité d’Auchan. À un moment donné de ma carrière, j’avais entre 28 et 30 ans à peu près, il y avait une recrudescence de violences en France sur les magasins Auchan qui ont décidés de réagir.
Et le responsable France sécurité Auchan, c’était Christian Lemions qui était un ancien militaire, et responsable de la sécurité de Mitterrand à l’époque. Il pratiquait le krav maga, alors tous les agents de sécurité d’Auchan étaient formés à des stages de krav maga. C’était un krav maga dur et il y avait beaucoup de blessures pendant la formation.
Au delà de ce stage d’une semaine, tu avais régulièrement des remises à niveau. Ce type de formation a connu une évolution que j’ai beaucoup aimé et que j’ai gardées pour la suite. C’est-à-dire qu’après on allait plus en formation mais les formateurs venait sur notre magasin.
Ça c’est pour moi, le stade ultime de la self défense. Parce qu’ont travaillé en situation réelle avec des scénarios. C’est-à-dire que simplement une partie de la journée, on faisait une pratique self défense classique et puis une autre partie où ont joué « le scénario ».
Par exemple avec un personnel qui arrivait à la caisse avec un cutter dans la poche. Il jouait le rôle d’un voleur.
Ces scénarios permettaient aussi de travailler sur les interpellations autour du travail en équipe avec celui qui était en vidéo. Toute une mise en situation qui préparait déjà pour la suite, c’est-à-dire, respecter les distances de sécurité, atténuer l’effet tunnel dû au stress.
Tous ces paramètres qui sont presque beaucoup plus importante que le style que tu pratiques. Mais qui font partie de la self défense, de la prise de conscience du danger.
Comment tu vas te placer ?
Comment tu gères tes émotions face au danger ?
Donc à l’époque avec une partie de mes collègues on s’entraînait. On se retrouvait en dehors de nos cours et on travaillait nos techniques de krav maga. Cette vision peut être la deuxième approche que j’avais du krav maga
Lorsque je suis devenu salarié au samouraï 2000. On m’a dit : ce serait bien que tu enseignes une discipline. On ne m’a pas forcément dirigé sur le krav maga tout de suite. À l’époque on me propose éventuellement le MMA.
Mais le MMA n’était pas légalisé en France. Je me suis naturellement porté sur le krav maga. J’ai fait beaucoup de stages sur différentes fédérations qui se tirent chacune dans les pattes. Je ne prêchais pas pour l’une ou pour l’autre.
Je vais t’avouer quelque chose d’étonnant, c’est que je suis sorti plutôt déçu du contenu des formations et de l’approche. Je n’ai pas vraiment à chaque fois apprit quelque chose de neuf par rapport à mon passé qui était déjà riche. La seule chose qui était réellement nouveau, c’était d’amener des défenses sur des armes.
Mais je trouve de façon trop codifié. Par exemple, tu m’attaques comme ça et moi je fais ça.
Daryus : effectivement, ça va au début, je compare toujours cet apprentissage au permis de conduire. Je me dis, au début, oui il faut passer par cette phase-là.
Mais après il faut vraiment essayer de voir par rapport à sa taille, par rapport à sa rapidité, par rapport à tous ces éléments physiques de chaque personne. Ça te permet de t’adapter et de créer ton propre kravmaga.
Au prochain épisode …
Voilà, nous arrivons à la fin de ce premier épisode. Ensuite, nous retrouverons « Pierre » pour son aventure de champion du monde poids lourds de krav maga. Il nous expliquera le déroulement du championnat du monde. Mais surtout ce qui nous intéresse tous : comment est-il devenu champion du monde poids lourds ?
Je vous mets lien vidéo pour vous mettre dans l’ambiance :
Et vous les nouveaux audacieux et audacieuses connaissiez-vous Pierre Terouanne ?
RESSOURCES :
2 réponses
Bravo à Pierre Terouanne pour son approche du krav maga et bravo à Darius pour cet interview d’un champion de krav maga.
Merci, c’était vraiment un plaisir de l’interviewer. C’est un grand champion sur le papier mais aussi de cœur !